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Histoires

L'eau de la sagesse

Les oranges de Valence en Espagne sont appréciées dans le monde entier. La huerta de la région sert de verger à toute l'Espagne... depuis plus de mille ans. L'eau est pourtant rare dans cette région du monde. Si un seul grand propriétaire terrien avait eu le monopole de cette eau, avec le droit de l'utiliser à sa guise pour maximiser ses profits, il est propable que la huerta actuelle serait...

Les oranges de Valence en Espagne sont appréciées dans le monde entier. La huerta de la région sert de verger à toute l'Espagne... depuis plus de mille ans. L'eau est pourtant rare dans cette région du monde. Si un seul grand propriétaire terrien avait eu le monopole de cette eau, avec le droit de l'utiliser à sa guise pour maximiser ses profits, il est propable que la huerta actuelle serait un désert. Les petits paysans du lieu ont été plus sages. Ils ont mis en place un système d'irrigation conçu de telle sorte que chacun puisse diriger vers ses terres sa juste part de l'eau de la Luria. Les litiges, nombreux il va sans dire, sont portés devant le tribunal de Valence dont les audiences ont lieu sur le parvis de la cathédrale. Ce tribunal se réunit tous les mardis. C'est le calife de Cordoue qui a l'établi en 960, à un moment où les Arabes occupaient presque toute l'Espagne. Le fait que l'Espagne catholique ait conservé cette insitution est une autre preuve de la haute civilisation qui règne en ces lieux sous le signe de l'eau.

Merci à l'Unesco d'avoir présenté ce tribunal sur son site. Voici un extait de l'article de José Jordan.





«Jeudi midi sur la place de la cathédrale de Valence. Les fidèles hâtent le pas pour assister à la messe, les touristes donnent à manger aux pigeons ou feuillettent les menus des restaurants alentour.

Au premier des douze coups de cloche, un alguacil (officier de justice) sort d’un bâtiment avoisinant et empoigne une longue canne terminée par un harpon doré. Il est suivi de huit hommes vêtus de la longue blouse noire que portent traditionnellement les agriculteurs de la région : ce sont les membres du Tribunal des eaux, institution séculaire qui se réunit chaque jeudi.

Elle arbitre en audience publique les litiges concernant la distribution de l’eau des huit canaux irriguant les 17000 hectares de terres qui forment la huerta valencienne, où sont produits des agrumes, du riz, du raisin et des pêches pour toute l’Espagne et pour l’exportation.

Lorsque retentit le coup de canne sur le sol de granit, les huit hommes aux cheveux grisonnants s’assoient sur des chaises en bois et cuir repoussé, devant la Porte des apôtres.

Il ne s’agit pas de juges, mais de « syndics », élus démocratiquement pour un mandat de deux ans et représentant les propriétaires de chacun des huit canaux. Ils ne nécessitent aucune formation juridique, mais doivent néanmoins être les cultivateurs directs de leurs terres, en vivre, et jouir d’une réputation d’« honnêtes hommes ».

En outre, ils connaissent sur le bout des doigts les rotations et les périodes d’arrosage, l’obligation de répartir l’eau de façon proportionnelle et de veiller à l’entretien des canaux qui traversent leurs terres afin que l’eau puisse s’écouler vers les champs des autres agriculteurs. Autant d’éléments qui peuvent être source de conflits entre les agriculteurs.


Un tribunal d'origine arabe

« Je viens tous les jeudis parce que c’est mon devoir. » Vicente Baixauli Pastor, syndic du canal de Favara, l’un des plus grands de la vega, s’étonne qu’on puisse même douter de l’utilité du Tribunal.

« Le Tribunal, c’est pour ceux qui ne font pas les choses correctement, et ils sont bien obligés de respecter nos sentences, car notre institution a été fondée par le calife de Cordoue, qui était un seigneur de grande classe et de haut rang ».

Ce sont les Arabes, au temps d’Abderraman II et Al-Hakem II qui, tout en mettant au point le système d’irrigation de la huerta – comme en témoignent des mots tels que azud (vanne), acequia (canal), fila (unité de mesure équivalant à une quantité variable de litres par seconde) – ont conçu les méthodes de distribution d’eau et le principe selon lequel celle-ci est indissociable des terres.

Quant au Tribunal tel qu’il existe aujourd’hui, il a été constitué vers l’an 960, sous le règne d’Abderraman III, et l’on pense qu’il tenait ses séances devant les portes de la grande mosquée, l’actuelle cathédrale.

Les audiences du Tribunal ont lieu à l’air libre et exclusivement en langue valencienne. Chacun y agit en nom propre, sans avocat, ni procureur, ni document écrit, bien qu’il soit possible de faire appel à des témoins ou d’ordonner l’inspection oculaire des terres si cela s’avère nécessaire.»

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