Le kemari, un sport sans vainqueurs ni perdants, commence par une plantation d'arbres aux quatre coins d'un carré de 6 ou 7 mètres de côté: un cerisier, un saule, un érable et un sapin, chacun marquant dans l'ordre les quatre saisons et indiquant l'un des points cardinaux. Ce jeu était un rite sacré évoquant les rapports de l'homme avec la nature. Il consiste à maintenir le ballon dans l'air en le frappant du pied, comme s' il s'agissait d'expliquer comment la lune et le soleil peuvent se mouvoir dans le ciel sans tomber sur terre. Le ballon, fait d'une peau de daim, était si fragile qu'un coup de pied trop violent pouvait le faire éclater. Son diamètre était de 22 centimètres et il pesait entre 100 et 120 grammes. Il était recouvert d'albumine, de blanc d'oeuf et tantôt on l'aspergeait d'une poudre blanche mêlée de colle pour qu'il ressemble à la lune, tantôt on le teignait en jaune pour qu'il ressemble au soleil. Le ballon jaune et le blanc symbolisaient aussi le jin et jang. D'excellents historiens, Allen Guttman entre autres, estiment que le kemari est devenu très tôt un jeu profane. Personne ne sait exactement quand les japonais commencèrent à jouer au kemari. Le premier document qui en fait état remonte à l'an 644 de notre ère. On tient pour acquis qu'il a été importé de Chine mais les règles du jeu chinois sont si différentes de celles du jeu japonais que cette thèse paraît contestable.