À propos  |  Nouvelles  |  Blogue  |  Points de vue  |  Infolettre  |  Aperçus  |  Ressources  |  Index  |  Flux RSS  English

 

Histoires

En sécurité dans la maison d'Abraham

Philippe Kerney
Le foyer Saint Vincent de Paul de Jérusalem, aussi connu sous le nom de Maison d'Abraham, est une grande institution située près de la porte de Jaffa. On y accueille des personnes âgées, des enfants abandonnés ainsi que des personnes ayant une déficience intellectuelle. Parmi celles-ci, il y a huit hommes que j'ai eu le plaisir de connaître. Trois d'entre eux sont juifs, deux sont mulsulmans...

Le foyer Saint Vincent de Paul de Jérusalem, aussi connu sous le nom de Maison d'Abraham, est une grande institution située près de la porte de Jaffa. On y accueille des personnes âgées, des enfants abandonnés ainsi que des personnes ayant une déficience intellectuelle. Parmi celles-ci, il y a huit hommes que j'ai eu le plaisir de connaître. Trois d'entre eux sont juifs, deux sont mulsulmans et trois sont chrétiens.

Abraham est celui qui m'a accueilli lors de ma première visite. Il était assis dans son fauteuil roulant et portait une casquette où était inscrit les mots: «No Fear». L'authenticité du message annoncé sur son front se reflétait quelques centimètres plus bas dans le feu de son regard. Il y avait avec lui Aoni qui est chrétien. Il était aussi dans un fauteuil roulant. Son regard d'un bleu très doux le rendait sympathique aux yeux des infirmiers et infirmières palestiniens. Boutros (Peter), aussi chrétien, m'apparaissait être le chef de ce groupe héréroclite. Presque bossu, il murmurait sans cesse en arabe comme si je pouvais le comprendre. Peut-être s'agissait-il là d'une forme de politesse qui avait pour but de me mettre à l'aise. Il était très gentil et était accompagné de Bahjat, un palestinien musulman qui avait longtemps vécu dans les rues de la vieille cité de Jérusalem.

Une fois par semaine, je me joignais à ce groupe étrange et héréroclite pour me ballader dans les rues et les parcs avoisinants. C'était une expérience tout à fait unique. Des palestiniens qui les connaissent depuis longtemps les accueillaient en mettant leurs mains sur leurs têtes dans un geste d'accueil qui ressemblait à une bénédiction. Puis un peu plus loin, c'était des israéliens qui reconnaissant parmi eux leurs compatriotes, venaient à leur tour à la rencontre du groupe. La convivialité qui naissait de chacun de ces rassemblements était évidente. Jusqu'à maintenant, ces hommes sont les seuls représentants des trois grandes religions que je connaisse, qui vivent ensemble sous un même toît et, qui plus est, traversent régulièrement ensemble les rues de Jérusalem, main dans la main!

Abraham et ses amis vivent dans la partie ouest de la ville et, lors de notre première ballade, nous nous sommes rendus dans un petit parc à l'entrée de la rue Jaffa, renommée pour avoir été le lieu de plusieurs attentats à la bombe. C'est un lieu qu'ils aiment bien fréquenter. Lorsque j'ai réalisé où cette balade m'avait conduit, je me suis retourné et mon regard a croisé celui d'Abraham. Il m'a alors semblé voir une lueur d'humour dans ses yeux. Au-dessus de son regard, j'aperçus pointant bien en vue, les mots qui ornaient sa casquette:«No Fear». Paradoxalement, c'est là, au milieu de cette inhabituelle compagnie, que je me suis senti le plus en sécurité lors de mon séjour dans la ville de Jérusalem.

Infolettre

Pour demeurer au courant des nouveautés du site, abonnez-vous à notre infolettre.
 
Nouvelles

1 Français sur 10 est seul et 1 sur 4 risque de le devenir

Selon une étude de la Fondation de France, rendue publique le 1er juillet 2010, l’isolement touche une part importante de la population française, et cela dès l’âge de 40 ans. Face à ce constat,...

Les grandes places publiques du monde

New-York, 22 décembre 2008. Un groupe new-yorkais oeuvrant dans le cadre du Project for Public Spaces (PPS) vient de dresser une liste dessoixante(60) places ayant la faveur du...

 

Le blogue de
Jacques Dufresne

L'éditeur de L'Encyclopédie de L'Agora analyse l'actualité à travers le thème de l'appartenance.
Entrées récentes
Vivre ou fonctionner?
Une alternative au sport moderne: le sport durable
La résilience d'Haïti