«Un seul être vous manque et tout est dépeuplé» ... y compris l'univers. Mais l'inverse est aussi vrai: si l'univers vous manque, si les liens qui vous unissaient à lui se sont brisés, vos rapports avec l'être cher se refroidiront. Il n'y a qu'un lien vivant: il prend tantôt la forme d'un rapport avec l'univers, tantôt celle d'un rapport humain. De même, il n'y a qu'une solitude qui se manifeste tantôt devant l'univers, tantôt au coeur de la communauté humaine.
Ce que les autres peuvent contempler en nous à travers les voiles de notre moi, c'est l'étoile que nous avons contemplée dans la nuit de l'univers.
«Moi qui passe et qui meurs
Je vous contemple étoiles
La terre n'étreint plus
L'enfant qu'elle a porté
Debout tout près des dieux,
Dans la nuit aux cents voiles
Je m'associe infime à cette immensité
Je goûte en vous voyant ma part d'éternité.»
Poème de Ptolémée
Traduction de Marguerite Yourcenar