À l'enfance ses jeux, à l'adulte ses responsabilités, aux jeunes gens leur flamme, au vieillard sa lumière! Le refus de la nature, la volonté de la maîtriser se traduisent souvent par la confusion des saisons de la vie. À défaut de vivre chaque saison dans sa plénitude, nous importons alors dans chacune d'elles des morceaux détachés des autres saisons. Infantile à quarante ans, adolescent à soixante! Nous en devenons tristes parce que nous ne sommes à aucun moment satisfaits de notre saison. De quoi envier ceux qui, freinés dans leur développement, demeurent dans l'innocence de l'enfance. Ils sont à la fois les plus sensibles à la vie des lieux d'appartenance et les plus abonnés à ce présent qui s'ouvre sur l'éternité.
«Qui n'a pas l'esprit de son âge,
De son âge a tout le malheur.
Laissons à la belle jeunesse
Ses folâtres emportements.
Nous ne vivons que deux moments:
Qu'il en soit un pour la sagesse.»
Voltaire, À Mme du Châtelet