La vitesse des machines, la réduction du temps de leurs opérations, dans le cas des ordinateurs en particulier, apparaît à tous comme une excellente chose. Dans un monde dominé par les machines, il va presque de soi que l'on veuille aussi réduire le temps des processus vivants. Bien des femmes très occupées aimeraient réduire le temps des grossesses. Comme la chose est impossible, certaines sont tentées de recourir à une mère porteuse
Les processus vivants, psychologiques ou sociaux, qu'il s'agisse du développement d'une ville, du temps de maturation d'une idée ou d'un sentiment ou d'un repas sont tout aussi incompressibles que la grossesse, mais on peut facilement avoir l'illusion du contraire et être tenté de les accélérer. C'est le plus sûr moyen de les dénaturer, de les réduire à des procédés mécaniques et par suite de porter atteinte aux conditions de l'appartenance.
«Notre siècle, qui a débuté et s’est développé sous le signe de la civilisation industrielle, a d’abord inventé les machines, puis les a élevées au rang de modèles de vie. Nous sommes devenus les esclaves de la vitesse et avons tous succombé au même virus insidieux : la Fast Life qui perturbe nos habitudes, envahit l’intimité de nos maisons et nous force à manger des Fast Food.
Pour être digne de son nom, l’Homo Sapiens devrait se débarrasser de la vitesse, avant que celle-ci ne le réduise à une espèce en voie de disparition. Une défense affirmée des plaisirs essentiels et calmes constitue la seule manière de lutter contre la folie universelle de la Fast Life.»
Manifeste du mouvement Slow Food