
Yo se quien soy, je sais qui je suis, disait Don Quichotte et il allait son chemin hors de l'atteinte des moqueries et des sarcasmes, comme Cathol le highlander dans notre histoire. En quoi ce sentiment d'identité consiste-t-il précisément? De ceux qui en sont privés, le sage romain Sénèque disait: «ils goûtent par une bouche étrangère». N'est-ce pas le goût qui aide le mieux à comprendre ce sentiment de coïncidence avec soi-même qu'on appelle identité? On s'attend à ce qu'un vin ait le goût des fruits de son terroir. Si on est décu, on dit qu'il manque d'authenticité ou d'identité. Quand un instrument de musique rend des sons différents de ceux qu'on attend de lui, on dit qu'il sonne faux, si l'on a un goût musical juste. De même on s'attend à ce qu'une personne, dont on devine l'essence, ait des gestes et des idées qui correspondent à cette essence, qui sonnent vrai. N'est-ce pas par une faculté analogue au goût que nous nous convenons à nous-mêmes? Sagesse des mots. Savoir vient de sapere qui signifie aussi goûter.
Gabo, membre de la communauté de L'Arche Haiti
«Méprisant la romance des ténors à voix creuse
et le chœur des grillons qui chantent à la lune,
je cherche à démêler les voix des échos;
parmi toutes les voix, je n’en écoute qu’une.»
«A distinguir me paro las voces de los ecos;»
Antonio Machada, Retrato