Les villes de Noranda et de Rouyn dans le Nord -Ouest du Québec étaient jadis séparées par un lac pollué par les déchets résultant de la transformation du minerai de cuivre. À Noranda vivaient les patrons, majoritairement anglophones, de la mine et de l'usine, à Rouyn les travailleurs francophones, lesquels avaient pris soin de construire leurs édifices publics de façon à ce qu'ils tournent le dos au lac. La fusion des deux villes s'est pourtant opérée dans une étonnante harmonie au cours de la décennie 1980. Au même moment, les deux groupes riverains avaient compris que le lac qui les séparait pouvait devenir un trait d'union entre eux à la condition qu'ils le considèrent comme un bien commun pour ensuite l'assainir.
Les atteintes aux réseaux écologiques, comme aux réseaux humains, sont souvent le fait de l'usure et de l'habitude. Si nous n'y prenons garde nos amitiés risquent ainsi de devenir de simples formalités. Elles sont heureusement, elles aussi, capables de résilience. Un événement banal peut être l'occasion d'un retour de la vie dans ce cas. En voici un exemple: Nous étions trois invités, dont un magicien. Nos hôtes gardaient deux enfants difficiles, un garçon et une fille de cinq ans, pour accorder un répit à une famille d'accueil. Allaient-ils nous les imposer? Ils n'ont pas eu à le faire. Les enfants nous ont conquis. À leur grande joie, le magicien a fait des tours de prestidigitation, par exemple faire entrer une pièce de monnaie par une oreille et la faire sortir par l'autre. La petite fille, en quête d'affection, s'est jetée dans ses bras. Tout était devenu plus plus humain et notre amitié pour nos hôtes s'en trouva enrichie. Une fois les enfants au lit, la conversation reprit, élevée par la chaleur humaine qu'ils avaient introduite dans notre groupe. Nous formions une communauté plus vivante, image parfaite de la résilience favorisée dans une société par l'apport des plus vulnérables. Les derniers seront les premiers.