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Points de vue

Le rôle essentiel des personnes vulnérables dans la résilience sociale

Al Etmanski

Al Etmanski est un entrepreneur social voué à la cause des personnes vivant avec un handicap. Il est le président et le co-fondateur de Planned Lifetime Advocacy Network (PLAN), et de PLAN Institute un des partenaires-éditeurs d'Appartenance-Belonging.

Comme les nombreux auteurs cités par Jacques, je me demande comment nous allons pouvoir réduire nos émissions collectives de carbone sans comprendre en parallèle le ciment social de l'appartenance

La métaphore du tabouret à trois pattes (l'économie, le social, l'environnemental) semble indiquer que le social est vraiment pris en compte. Il faut toutefois reconnaître que cette prise de conscience n'est pas allée très loin sur le chemin qui va de l'intelligence à l'action concrète.

Il nous faut voir là un échec collectif pour lequel nous sommes tous à blâmer. Il serait trop facile de reprocher aux gouvernements de ne pas avoir intégré les leviers dont ils disposent – politique, taxe, subvention, pouvoir d'achat – à une stratégie cohérente pour relever simultanément le défi de la cohésion sociale et celui de la dégradation de l'environnement.

Ou de reprocher aux entreprises d'encourager une consommation excessive, ou encore de reprocher aux environnementalistes d'avoir l'esprit borné. Mais qu'en est-il de nous tous, du secteur social et communautaire, qui nous concentrons sur une solution unique pour un problème exclusivement social? N'avons-nous pas la compétence requise pour faire face à ces défis, et n'avons-nous pas la responsabilité de le faire.

Il appartient de toute évidence à chacun d'entre nous de déterminer si nos actions aggravent le problème ou contribuent à le résoudre et d'agir en conséquence. C'est là un appel à la créativité de chacun; nous ne pouvons pas nous en remettre seulement au leadership habituel et aux personnes en situation d'autorité.

Au cours des trois dernières années, j'ai travaillé avec des collègues de l'ensemble du Canada dans le but d'accroître l'innovation et la créativité. Notre initiative est connue sous le nom de Social Innovation Generation (SiG-www.sigeneration). Il ne s'agit pas pour nous d'innover pour innover. Nous croyons plutôt que la seule façon d'aborder nos problèmes sociaux et environnementaux endémiques est d'accéder à une culture de continuelle innovation où nous renonçons aux approches qui ne fonctionnent plus, où nous comprenons que nous faisons face à des problèmes complexes qui vont exiger de nous une pensée et des analyses en profondeur, dans un contexte où le mystère, le paradoxe, l'ambiguité sont des alliés avec lesquels il faut composer et non des obstacles qu'il faut éliminer; où nous reconnaissons également que les défis exigeront la collaboration de tous les secteurs et l'engagement de chacun.

Nous avons développé un cadre de travail intellectuel qui est compatible avec les positions des grands penseurs que Jacques a évoqués. Nous nous sommes inspirés de Resilience Alliance, un groupe réuni par CS ''Buzz'' Holling, un écologiste reconnu qui est à l'origine de la théorie de la panarchie. (www.resaliance.org). Cette théorie est née de l'étude sur la façon dont les éco-systèmes s'adaptent et réagissent aux menaces et aux défis de l'extérieur et ce faisant, deviennent plus ou moins résilients

Frances Westley, co-auteure of Getting to Maybe, membre la Resilience Alliance et l'une de mes collègues dans Social Innovation Generation, a adapté les enseignements de la résilience dans les écosystèmes aux systèmes sociaux (www.sig.uwaterloo.ca). Voici sa définition de l'innovation sociale.

«L'innovation sociale est une initiative, un produit, un processus ou un programme qui modifie en profondeur les routines de base, les flux des ressources et de l'autorité, de même que les croyances d'un quelconque système social. Les innovations sociales profondes ont un impact étendu et durable. Si l'innovation sociale a des stades et des phases identifiables, la durée et l'étendue de l'impact ne peuvent être acquises qu'au terme d'un processus dynamique supposant l'émergence d'une occasion à saisir, une intervention délibérée et un lien entre les deux. L'aptitude d'une société à créer un flux continu d'innovations sociales, notamment du type de celles qui re-mobilisent des populations vulnérables, est une contribution importante à la résilience sociale et écologique dans leur ensemble.»

Ce qu'il importe de souligner dans cette perspective, c'est le rôle critique que les personnes vulnérables jouent dans le renforcement de la résilience de l'ensemble de la société, c'est aussi notre capacité de faire face aux menaces extérieures quels que soient le lieu d'où elles viennent et le moment où elles frappent. Cela va dans le sens de ce que Jacques Dufresne et Jean Vanier proposent. Quand l'innovation consiste à créer pour les personnes vulnérables des occasions d'appartenance, d'engagement et de coopération, la société s'enrichit aussi de leur points de vue, de leur diversité, de leur participation et de leur être. Et puisque la définition nous invite à penser que les systèmes sociaux et écologiques sont inextricablement liés, on peut soutenir que la résilience de la terre dépend de ce que l'on s'assure que soient entendues et prises en considération les voix des personnes marginalisées, étiquetées, désavantagées ou simplement ignorées. Peut-être devrions-nous nous concentrer sur cet impact positif dans les discussions qui se poursuivront après le Sommet de Copenhague.
 

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Le blogue de
Jacques Dufresne

L'éditeur de L'Encyclopédie de L'Agora analyse l'actualité à travers le thème de l'appartenance.
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