Parmi les êtres humains, il y a des nomades et des sédentaires, mais le nomade lui-même a son territoire, de chasse, de pêche, de subsistance. On ne dira jamais de lui, comme du proscrit, qu'il est sans feu ni lieu. Il a même plusieurs feux et plusieurs lieux qu'il partage avec d'autres. Wendell Berry nous rappelle dans le passage qui suit l'importance, même pour le sédentaire, du partage des feux et des lieux.
«D'un autre côté, toutes les créatures ont un territoire. Mëme les oiseaux qui migrent très loin ont leurs lieux de nidification qui leur appartiennent dans un sens puisqu'ils y reviennent et les adoptent comme leur demeure. Nous avons besoin de certains moyens légaux pour protéger le sentiment d'appartenance à un lieu, et pour accorder aux personnes certains privilèges, certains droits à l'auto détermination à l'intérieur de leur pays. Mais la culture doit aussi enseigner aux humains qu'ils ne sont pas les propriétaires absolus de quoi que ce soit, ni même d'eux-mêmes. Les Indiens, du moins certains d'entre eux, pensaient que nous devons être responsables jusqu'à la septième génération de nos descendants. Il était alors plus facile que maintenant d'imaginer une septième génération de descendants, de toute façcon il n' a jamais été possible de connaître une septième génération. Ce que cette conception a pour effet c'est que ce mystère exerce sur nous une pression et même une orientation. Nous ne savons pas ce qui va se produire mais nous devons reconnaître notre responsabilité: à savoir la possibilité que la race humaine puisse survivre et ait besoin des mêmes choses que nous. » Wendell Berry