Humanité ou posthumanité? Ces deux appartenances s'ouvrent à nous. L'humanité nous est donnée par Dieu et par la nature avec ses imperfections. La posthumanité, nous la choisissons. Elle est l'humanité augmentée de ces prothèses chimiques et électroniques qui rehaussent ses performances et la font progresser sur la voie conduisant au paradis sur terre. Au risque toutefois de créer un climat moral tel qu'à défaut d'avoir pu en éviter la naissance, on renverra à l'atelier de génétique ces produits inadaptés qui éveillaient la compassion quand ils étaient des dons imparfaits. La posthumanisation c'est la déshumanisation planifiée. Quand disparaîtront les êtres en qui s'incarne l'imperfection, nous perdrons le sentiment de notre fragilité radicale, métaphysique, qui est en nous la source de cette tendresse, de cette compassion qui nous distinguent des simples machines performantes.
Illustration de Claude Maclean, L'Arche Beloeil, Québec, Canada |
«Il y a depuis la petite enfance jusqu'à la tombe, au fond du coeur de tout être humain, quelque chose qui, malgré toute l'expérience des crimes commis, soufferts ou observés, s'attend invinciblement à ce qu'on lui fasse du bien et non du mal. C'est cela avant tout qui est sacré en tout être humain».
Simone Weil, Écrits de Londres et dernières lettres.